Retour vers le futur de la guerre froide : Snowden, un (es)pion au milieu du gué / Back to the Cold War Future: Snowden, a spy-pawn in Midstream [2013]
MAJ : Je remets en ligne cet article tant il me semble toujours aussi pertinent. Du reste, Edward Snowden passe encore à ce jour sa vie en Fédération de Russie, après avoir obtenu la nationalité russe en septembre 2022. Un film produit par Oliver Stone a été projeté en 2016.
Un faux scandale agite actuellement le landerneau médiatico-politique : l'affaire PRISM, du nom de ce programme généralisé de surveillance américain faisant appel aux principales sociétés américaines du secteur de l'information et de la communication (nombreuses étant première dans leur domaine d'application, on devine leur efficacité à l'échelle mondiale). Ce n'est ni le premier et ne sera selon toute vraisemblance pas le dernier. Or ce qui a soulevé nombre d'indignations dans le monde est le fait que des pays alliés soient tout de même surveillés par le grand ami d'Amérique. Les députés européens, à la tête de la fronde actuelle (se singularisant avec le silence gêné du président de la Commission Européenne Manuel Barroso comme celui du président du Conseil Européen Herman van Rompuy) ont malgré tout la mémoire courte puisqu'en 2001 avait été rendu public par l'eurodéputé Gerhard Schmid un rapport sur le réseau d'interception Echelon [1]. Semblerait-il que tout ce labeur n'ait pas été utile au vu des cris d'orfraie actuels. Lequel rapport faisait déjà suite à un précédent fourni en 1997 par le STOA (Science and Technology Options Assessment) sur de possibles écoutes depuis l'autre côté de l'Atlantique, et complété en 1999! Comme quoi, les rapports publiés de la maison Europe ont une fonction éminente... de caler les meubles.
L'on pourrait aussi s'ingénier à rappeler l'affaire SWIFT, du nom de cette société de droit belge regroupant la gestion du code d'identification des banques où l'on apprit que les autorités américaines à la suite du 11 septembre 2001 s'étaient autorisées à prendre connaissance des comptes des principaux clients de ladite société (à savoir les banques les plus importantes au niveau mondial). Le parlement européen imposa un accord en deux rounds afin de légaliser a posteriori cette possibilité [2]. L'affaire avait même rebondi en février 2012 lorsqu'un Danois fut empêché d'opérer une transaction par le département du trésor américain alors que celle-ci concernait l'achat de cigares cubains via une banque allemande : Cuba étant en effet frappé d'un embargo par les États-Unis et ceux-ci, tout comme pour l'Iran, pourchassent les contrevenants nationaux et tiers qui y contreviendraient.
Il en ressort un désagréable sentiment que naïveté et mauvaise foi forment le terreau de toute cette agitation récente. Sans compter bien entendu le calcul politique pour certains dirigeants désireux de s'offrir une aura de défenseur des libertés individuelles à peu de frais. Attitude contredite par ailleurs, et ce de façon relativement tragico-comique, par l'épisode de l'avion présidentiel Bolivien de retour de Moscou et fouillé à Vienne car suspecté de détenir dans son avion personnel le transfuge américain Snowden, précédé par l'interdiction de survol de l'espace aérien par la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Le président Evo Morales ayant par la suite menacé de procédure devant l'ONU pour violation du droit aérien [3] : l'affaire est à suivre mais elle illustre la fragilité et en corollaire la crédibilité des rodomontades de certains dirigeants européens...
Il ne faut pas aussi omettre que les principaux intéressés de cette affaire sont les citoyens américains eux-mêmes avant même les européens, que cette affaire les concerne au premier plan et que si réaction il doit y avoir, elle doit d'abord provenir des ressortissants des États-Unis d'Amérique. En complément, il est nécessaire de ne pas tomber dans le déni : tout État souverain se doit d'avoir son service de renseignement, la souveraineté est indissociable de la connaissance des forces d'autrui comme de ses propres faiblesses. Enfin, l'on notera aussi que les sociétés les plus innovantes américaines ont été mises à contribution, ce qui met crûment à jour la déficience de champions européens des TIC, qui lorsqu'ils arrivent à maturité sont racheté ensuite par des sociétés extra-européennes (ex. Skype, le logiciel de VoIP d'origine estonienne, passé dans le giron de Microsoft en 2011).
L'on pourrait aussi s'ingénier à rappeler l'affaire SWIFT, du nom de cette société de droit belge regroupant la gestion du code d'identification des banques où l'on apprit que les autorités américaines à la suite du 11 septembre 2001 s'étaient autorisées à prendre connaissance des comptes des principaux clients de ladite société (à savoir les banques les plus importantes au niveau mondial). Le parlement européen imposa un accord en deux rounds afin de légaliser a posteriori cette possibilité [2]. L'affaire avait même rebondi en février 2012 lorsqu'un Danois fut empêché d'opérer une transaction par le département du trésor américain alors que celle-ci concernait l'achat de cigares cubains via une banque allemande : Cuba étant en effet frappé d'un embargo par les États-Unis et ceux-ci, tout comme pour l'Iran, pourchassent les contrevenants nationaux et tiers qui y contreviendraient.
Il en ressort un désagréable sentiment que naïveté et mauvaise foi forment le terreau de toute cette agitation récente. Sans compter bien entendu le calcul politique pour certains dirigeants désireux de s'offrir une aura de défenseur des libertés individuelles à peu de frais. Attitude contredite par ailleurs, et ce de façon relativement tragico-comique, par l'épisode de l'avion présidentiel Bolivien de retour de Moscou et fouillé à Vienne car suspecté de détenir dans son avion personnel le transfuge américain Snowden, précédé par l'interdiction de survol de l'espace aérien par la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Le président Evo Morales ayant par la suite menacé de procédure devant l'ONU pour violation du droit aérien [3] : l'affaire est à suivre mais elle illustre la fragilité et en corollaire la crédibilité des rodomontades de certains dirigeants européens...
Il ne faut pas aussi omettre que les principaux intéressés de cette affaire sont les citoyens américains eux-mêmes avant même les européens, que cette affaire les concerne au premier plan et que si réaction il doit y avoir, elle doit d'abord provenir des ressortissants des États-Unis d'Amérique. En complément, il est nécessaire de ne pas tomber dans le déni : tout État souverain se doit d'avoir son service de renseignement, la souveraineté est indissociable de la connaissance des forces d'autrui comme de ses propres faiblesses. Enfin, l'on notera aussi que les sociétés les plus innovantes américaines ont été mises à contribution, ce qui met crûment à jour la déficience de champions européens des TIC, qui lorsqu'ils arrivent à maturité sont racheté ensuite par des sociétés extra-européennes (ex. Skype, le logiciel de VoIP d'origine estonienne, passé dans le giron de Microsoft en 2011).
Il n'empêche que lorsque l'analyste Edward Snowden révèle au monde entier (articles du Guardian et du Washington Post des 6 et 7 juin 2013) l'existence d'un programme d'exploration, de collecte et d'analyse de données (data mining) diligenté par son agence, la National Security Agency (10 milliards de dollars de fonctionnement annuel estimés pour 2013), avec l'appoint de plusieurs sociétés nationales des technologies de l'information et de la communication, il se doute pertinemment que cela va jeter un pavé dans la mare des bonnes convenances entre nations. Ce dont en revanche il est un peu plus leste à ce moment là, c'est sur la difficulté à trouver un asile politique : alors qu'il était en zone de transit à l'un des aéroports de Moscou, Cheremetievo. L'Équateur initialement visé (rappelons que le pays accueille toujours dans ses locaux diplomatiques de Londres le fugitif Julian Assange suite à l'affaire Wikileaks) a rejeté la proposition au motif que l'affaire était désormais du ressort des autorités russes, et officieusement qu'elle ne pouvait se permettre de devenir un refuge trop visible sur la liste noire des pays ne coopérant pas judicieusement avec les États-Unis. Et un relent de guerre froide de sourdre lorsque Barack Obama et Vladimir Poutine enjoignent leurs services de renseignement respectifs (FSB et CIA) à s'entendre pour un dénouement favorable à chacune des parties!
Pour l'heure la liste des pays contactés par l'exilé est presque aussi longue que celle des États lui ayant déjà refusé le statut de réfugié politique. Sous des prétextes plus fallacieusement juridiques que pragmatiquement politiques : le bénéfice politique international, voire les quelques informations utiles que l'on pourrait retirer de Snowden seront contre-balancés par une pression, directe et indirecte, de Washington qui n'acceptera pas qu'un de ses ressortissants rompu à la sécurité de l'État ait pu fauté à ce point. Car le « lanceur d'alerte » (whistleblower en américain) risque gros en cas de retour sur le sol américain : la sentence serait lourde... Encore que l'inculpation sous le motif de trahison est sujet à discussion selon l'interprétation de la constitution américaine [4], un risque que ne souhaite pas prendre visiblement Snowden.
Le président russe avait posé une condition préalable, officielle, à l'acceptation de l'asile pouvant être accordé à son « invité » : qu'il ne nuise plus aux intérêts des autorités américaines en stoppant toute révélation, même si pareille demande peut choquer de sa part a-t-il cru bon de devoir ajouter (on se doute qu'entre-temps les services de renseignement ont pris un certain intérêt à approcher Snowden pour sa propre sécurité... et ses connaissances sur un tel réseau d'espionnage) [5]. Vladimir Poutine sait en effet que pour exécrables que soient les relations russo-américaines depuis plusieurs mois, une flaque d'huile de plus sur le feu ne serait pas la plus opportune, de même qu'il sait que certaines convenances se doivent d'être respectées pour ne pas avoir à subir un retour de flamme. En outre, rien n'indique que Snowden ait officié auparavant en tant qu'agent russe, or il est dans l'intérêt de Poutine d'éviter pareille allégation qui provoquerait une chasse aux espions interne au sein de la NSA et consoeurs tout en rehaussant d'un cran la lutte du contre-espionnage contre les russes. L'affaire des dix espions russes arrêtés en 2010 (programme Illégaux mené par le FBI) est encore chaud et la Russie préférerait laisser les braises s'éteindre d'elles-mêmes.
Snowden tombe dans une guerre informationnelle pile-poil entre Russie et États-Unis où les nerfs de tous les acteurs sont mis à rude épreuve : les États-Unis ne peuvent jouer des muscles comme envers un pays de seconde catégorie mais se doivent d'effacer ce camouflet mondial, la Russie quant à elle ne peut donner l'impression de récupérer un agent mais perdrait en crédibilité internationale en le remettant aux autorités américaines.
Le président russe avait posé une condition préalable, officielle, à l'acceptation de l'asile pouvant être accordé à son « invité » : qu'il ne nuise plus aux intérêts des autorités américaines en stoppant toute révélation, même si pareille demande peut choquer de sa part a-t-il cru bon de devoir ajouter (on se doute qu'entre-temps les services de renseignement ont pris un certain intérêt à approcher Snowden pour sa propre sécurité... et ses connaissances sur un tel réseau d'espionnage) [5]. Vladimir Poutine sait en effet que pour exécrables que soient les relations russo-américaines depuis plusieurs mois, une flaque d'huile de plus sur le feu ne serait pas la plus opportune, de même qu'il sait que certaines convenances se doivent d'être respectées pour ne pas avoir à subir un retour de flamme. En outre, rien n'indique que Snowden ait officié auparavant en tant qu'agent russe, or il est dans l'intérêt de Poutine d'éviter pareille allégation qui provoquerait une chasse aux espions interne au sein de la NSA et consoeurs tout en rehaussant d'un cran la lutte du contre-espionnage contre les russes. L'affaire des dix espions russes arrêtés en 2010 (programme Illégaux mené par le FBI) est encore chaud et la Russie préférerait laisser les braises s'éteindre d'elles-mêmes.
Snowden tombe dans une guerre informationnelle pile-poil entre Russie et États-Unis où les nerfs de tous les acteurs sont mis à rude épreuve : les États-Unis ne peuvent jouer des muscles comme envers un pays de seconde catégorie mais se doivent d'effacer ce camouflet mondial, la Russie quant à elle ne peut donner l'impression de récupérer un agent mais perdrait en crédibilité internationale en le remettant aux autorités américaines.
Quelque soit la solution trouvée, et celle-ci peut prendre un temps conséquent à émerger, une fois encore Russie et États-Unis se font face dans un cadre cyberstratégique où États, hommes et réseaux jouent aux échecs à l'échelle planétaire.
Enfin, n'oubliez pas : pour mieux replonger dans cette guerre informationnelle où la Russie joue sa propre partition, relire La cyberstratégie russe.
[1] ZDnet,« Les États-Unis n'ont pas dissipé nos doutes à propos d'Echelon », juin 2001
http://www.zdnet.fr/actualites/les-etats-unis-n-ont-pas-dissipe-nos-doutes-a-propos-d-echelon-2089531.htm
http://www.zdnet.fr/actualites/les-etats-unis-n-ont-pas-dissipe-nos-doutes-a-propos-d-echelon-2089531.htm
En complément :
http://cryptome.org/echelon-ep-fin.htm
[2] Site du parlement européen sur l'accord SWIFT II :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+IM-PRESS+20100707IPR78054+0+DOC+XML+V0//FR
http://cryptome.org/echelon-ep-fin.htm
[2] Site du parlement européen sur l'accord SWIFT II :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+IM-PRESS+20100707IPR78054+0+DOC+XML+V0//FR
[3] Libération, « L'attitude française envers Evo Morales suscite la polémique », 3 juillet 2013
[4] Treason against the United States, shall consist only in levying War against them, or in adhering to their Enemies, giving them Aid and Comfort. No Person shall be convicted of Treason unless on the Testimony of two Witnesses to the same overt Act, or on Confession in open Court.
[5] Le Monde, « Edward Snowden a demandé l'asile à la Russie », 1er juillet 2013
UPDATE: I am reposting this article as it still seems so relevant to me. Moreover, Edward Snowden still spends his life in the Russian Federation to this day, after obtaining Russian nationality in September 2022. A film produced by Oliver Stone was screened in 2016.
A false scandal is currently shaking up the media-political world: the PRISM affair, named after this generalized American surveillance program using the main American companies in the information and communication sector (many of which are leaders in their field of application, one can imagine their effectiveness on a global scale). This is neither the first nor will it in all likelihood be the last. However, what has raised a lot of indignation in the world is the fact that allied countries are still being monitored by America's great friend. The MEPs, at the head of the current revolt (singular with the embarrassed silence of the President of the European Commission Manuel Barroso and that of the President of the European Council Herman van Rompuy) have nevertheless short memories since in 2001 a report on the Echelon interception network [1] was made public by the MEP Gerhard Schmid. It would seem that all this work was not useful in view of the current outcry. This report already followed a previous one provided in 1997 by the STOA (Science and Technology Options Assessment) on possible wiretapping from the other side of the Atlantic, and completed in 1999! As such, the published reports of the House of Europe have an eminent function... to wedge the furniture.
We could also try to recall the SWIFT affair, named after this Belgian company that managed the bank identification code, where we learned that the American authorities, following September 11, 2001, had authorized themselves to take cognizance of the accounts of the company's main clients (namely the largest banks in the world). The European Parliament imposed a two-round agreement in order to legalize this possibility a posteriori [2]. The affair even rebounded in February 2012 when a Dane was prevented from carrying out a transaction by the American Treasury Department when it concerned the purchase of Cuban cigars via a German bank: Cuba was in fact subject to an embargo by the United States and the United States, just like Iran, pursued national and third-party offenders who contravened it.
A false scandal is currently shaking up the media-political world: the PRISM affair, named after this generalized American surveillance program using the main American companies in the information and communication sector (many of which are leaders in their field of application, one can imagine their effectiveness on a global scale). This is neither the first nor will it in all likelihood be the last. However, what has raised a lot of indignation in the world is the fact that allied countries are still being monitored by America's great friend. The MEPs, at the head of the current revolt (singular with the embarrassed silence of the President of the European Commission Manuel Barroso and that of the President of the European Council Herman van Rompuy) have nevertheless short memories since in 2001 a report on the Echelon interception network [1] was made public by the MEP Gerhard Schmid. It would seem that all this work was not useful in view of the current outcry. This report already followed a previous one provided in 1997 by the STOA (Science and Technology Options Assessment) on possible wiretapping from the other side of the Atlantic, and completed in 1999! As such, the published reports of the House of Europe have an eminent function... to wedge the furniture.
We could also try to recall the SWIFT affair, named after this Belgian company that managed the bank identification code, where we learned that the American authorities, following September 11, 2001, had authorized themselves to take cognizance of the accounts of the company's main clients (namely the largest banks in the world). The European Parliament imposed a two-round agreement in order to legalize this possibility a posteriori [2]. The affair even rebounded in February 2012 when a Dane was prevented from carrying out a transaction by the American Treasury Department when it concerned the purchase of Cuban cigars via a German bank: Cuba was in fact subject to an embargo by the United States and the United States, just like Iran, pursued national and third-party offenders who contravened it.
What emerges is an unpleasant feeling that naivety and bad faith form the breeding ground for all this recent agitation. Not to mention, of course, the political calculation for certain leaders eager to give themselves an aura of defender of individual freedoms at little cost. An attitude contradicted elsewhere, and this in a relatively tragicomic way, by the episode of the Bolivian presidential plane returning from Moscow and searched in Vienna because it was suspected of holding the American defector Snowden in his personal plane, preceded by the ban on overflying the airspace by France, Italy, Spain and Portugal. President Evo Morales having threatened to take action before the UN for violating air law [3]: the case is worth following, but it illustrates the fragility and, as a corollary, the credibility of the bluster of certain European leaders...
We must also not forget that the main parties concerned in this case are the American citizens themselves, even before the Europeans, that this case concerns them first and foremost, and that if there must be a reaction, it must first come from them. In addition, it is necessary not to fall into denial: every sovereign state must have its intelligence service, sovereignty is inseparable from knowledge of the strengths of others as well as one's own weaknesses. Finally, it should also be noted that the most innovative American companies have been called upon, which crudely highlights the deficiency of European ICT champions, which when they reach maturity are then bought out by non-European companies (e.g. Skype, the VoIP software of Estonian origin, acquired by Microsoft in 2011).
Nevertheless, when analyst Edward Snowden revealed to the world (articles in the Guardian and the Washington Post of June 6 and 7, 2013) the existence of a data mining program conducted by his agency, the National Security Agency (estimated annual operating cost of $10 billion for 2013), with the support of several national information and communication technology companies, he was well aware that this would throw a spanner in the works of good manners between nations. What he is a little more light-hearted about at that time, however, is the difficulty of finding political asylum: while he was in the transit zone at one of Moscow's airports, Sheremetyevo. Ecuador, initially targeted (remember that the country is still hosting fugitive Julian Assange in its diplomatic premises in London following the Wikileaks affair), rejected the proposal on the grounds that the matter was now the responsibility of the Russian authorities, and unofficially that it could not afford to become a refuge too visible on the blacklist of countries not cooperating judiciously with the United States. And a whiff of the Cold War arose when Barack Obama and Vladimir Putin ordered their respective intelligence services (FSB and CIA) to agree on a favorable outcome for each party!
We must also not forget that the main parties concerned in this case are the American citizens themselves, even before the Europeans, that this case concerns them first and foremost, and that if there must be a reaction, it must first come from them. In addition, it is necessary not to fall into denial: every sovereign state must have its intelligence service, sovereignty is inseparable from knowledge of the strengths of others as well as one's own weaknesses. Finally, it should also be noted that the most innovative American companies have been called upon, which crudely highlights the deficiency of European ICT champions, which when they reach maturity are then bought out by non-European companies (e.g. Skype, the VoIP software of Estonian origin, acquired by Microsoft in 2011).
Nevertheless, when analyst Edward Snowden revealed to the world (articles in the Guardian and the Washington Post of June 6 and 7, 2013) the existence of a data mining program conducted by his agency, the National Security Agency (estimated annual operating cost of $10 billion for 2013), with the support of several national information and communication technology companies, he was well aware that this would throw a spanner in the works of good manners between nations. What he is a little more light-hearted about at that time, however, is the difficulty of finding political asylum: while he was in the transit zone at one of Moscow's airports, Sheremetyevo. Ecuador, initially targeted (remember that the country is still hosting fugitive Julian Assange in its diplomatic premises in London following the Wikileaks affair), rejected the proposal on the grounds that the matter was now the responsibility of the Russian authorities, and unofficially that it could not afford to become a refuge too visible on the blacklist of countries not cooperating judiciously with the United States. And a whiff of the Cold War arose when Barack Obama and Vladimir Putin ordered their respective intelligence services (FSB and CIA) to agree on a favorable outcome for each party!
For the time being, the list of countries contacted by the exile is almost as long as that of the States that have already refused him political refugee status. Under pretexts that are more fallaciously legal than pragmatically political: the international political benefit, or even the few useful pieces of information that could be gained from Snowden, will be counterbalanced by direct and indirect pressure from Washington, which will not accept that one of its nationals experienced in state security could have erred to this extent. Because the "whistleblower" risks a lot if he returns to American soil: the sentence would be harsh... Although the indictment on the grounds of treason is subject to discussion according to the interpretation of the American constitution [4], a risk that Snowden clearly does not want to take.
The Russian president had set a precondition, officially, for the acceptance of the asylum that could be granted to his "guest": that he no longer harm the interests of the American authorities by stopping any revelation, even if such a request could be shocking on his part, he thought it right to add (we suspect that in the meantime the intelligence services have taken a certain interest in approaching Snowden for his own safety... and his knowledge of such a spy network) [5]. Vladimir Putin knows in fact that as execrable as Russian-American relations have been for several months, adding fuel to the fire would not be the most opportune, just as he knows that certain conventions must be respected in order not to have to suffer a backlash. Furthermore, there is no evidence that Snowden has previously served as a Russian agent, and it is in Putin's interest to avoid such an allegation that would provoke an internal spy hunt within the NSA and its ilk while escalating the fight against Russians. The case of the ten Russian spies arrested in 2010 (the FBI's Illegal program) is still hot and Russia would prefer to let the embers die out on their own.
Snowden falls into an information war between Russia and the United States where the nerves of all actors are put to the test: the United States cannot flex its muscles as it does against a second-rate country but must erase this global snub, while Russia cannot give the impression of recovering an agent but would lose international credibility by handing him over to the American authorities.
Whatever solution is found, and it may take a significant amount of time to emerge, once again Russia and the United States are facing each other in a cyberstrategic framework where States, people and networks are playing chess on a global scale.
Finally, don't forget: to better immerse yourself in this information war where Russia is playing its own score, reread The Russian Cyberstrategy.
The Russian president had set a precondition, officially, for the acceptance of the asylum that could be granted to his "guest": that he no longer harm the interests of the American authorities by stopping any revelation, even if such a request could be shocking on his part, he thought it right to add (we suspect that in the meantime the intelligence services have taken a certain interest in approaching Snowden for his own safety... and his knowledge of such a spy network) [5]. Vladimir Putin knows in fact that as execrable as Russian-American relations have been for several months, adding fuel to the fire would not be the most opportune, just as he knows that certain conventions must be respected in order not to have to suffer a backlash. Furthermore, there is no evidence that Snowden has previously served as a Russian agent, and it is in Putin's interest to avoid such an allegation that would provoke an internal spy hunt within the NSA and its ilk while escalating the fight against Russians. The case of the ten Russian spies arrested in 2010 (the FBI's Illegal program) is still hot and Russia would prefer to let the embers die out on their own.
Snowden falls into an information war between Russia and the United States where the nerves of all actors are put to the test: the United States cannot flex its muscles as it does against a second-rate country but must erase this global snub, while Russia cannot give the impression of recovering an agent but would lose international credibility by handing him over to the American authorities.
Whatever solution is found, and it may take a significant amount of time to emerge, once again Russia and the United States are facing each other in a cyberstrategic framework where States, people and networks are playing chess on a global scale.
Finally, don't forget: to better immerse yourself in this information war where Russia is playing its own score, reread The Russian Cyberstrategy.
[1] ZDnet, "The United States has not dispelled our doubts about Echelon", June 2001
http://www.zdnet.fr/actualites/les-etats-unis-n-ont-pas-dissipe-nos-doutes-a-propos-d-echelon-2089531.htm
In addition:
http://cryptome.org/echelon-ep-fin.htm
[2] European Parliament website on the SWIFT II agreement:
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+IM-PRESS+20100707IPR78054+0+DOC+XML+V0//FR
[3] Libération, "The French attitude towards Evo Morales sparks controversy", July 3 2013 http://www.liberation.fr/monde/2013/07/03/l-attitude-francaise-envers-evo-morales-suscite-la-polemic_915644 [4] Treason against the United States, shall consist only in levying War against them, or in adhering to their Enemies, giving them Aid and Comfort. No Person shall be convicted of Treason unless on the Testimony of two Witnesses to the same overt Act, or on Confession in open Court.
[5] Le Monde, “Edward Snowden asked for asylum in Russia”, July 1, 2013 http://fr.news.yahoo.com/poutine-snowden-peut-rester-russie-sil-cesse-faire-164646265.html
http://www.zdnet.fr/actualites/les-etats-unis-n-ont-pas-dissipe-nos-doutes-a-propos-d-echelon-2089531.htm
In addition:
http://cryptome.org/echelon-ep-fin.htm
[2] European Parliament website on the SWIFT II agreement:
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+IM-PRESS+20100707IPR78054+0+DOC+XML+V0//FR
[3] Libération, "The French attitude towards Evo Morales sparks controversy", July 3 2013 http://www.liberation.fr/monde/2013/07/03/l-attitude-francaise-envers-evo-morales-suscite-la-polemic_915644 [4] Treason against the United States, shall consist only in levying War against them, or in adhering to their Enemies, giving them Aid and Comfort. No Person shall be convicted of Treason unless on the Testimony of two Witnesses to the same overt Act, or on Confession in open Court.
[5] Le Monde, “Edward Snowden asked for asylum in Russia”, July 1, 2013 http://fr.news.yahoo.com/poutine-snowden-peut-rester-russie-sil-cesse-faire-164646265.html